Un ex-candidat breton à des élections fait un salut nazi lors d’une conférence sur l’extrême droite

Ouest France 3/6/2024

Lors de la conférence d’Erwan Chartier-Le Floch, venu présenté vendredi 31 mai 2024, à Rosporden (Finistère), son livre Callac de Bretagne ou les obsessions de l’extrême droite, Jean-Yves Queinnec, plusieurs fois candidats pour des partis d’extrême droite, a effectué un salut nazi avant de quitter la salle. Un moment glaçant pour un événement qui comptait décrypter les méthodes et pressions de ce mouvement en Bretagne.

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Une cinquantaine de personnes était présente lors de la conférence d’Erwan Chartier Le Floch, à Rosporden (Finistère), vendredi 31 mai 2024.

Une cinquantaine de personnes était présente lors de la conférence d’Erwan Chartier Le Floch, à Rosporden (Finistère), vendredi 31 mai 2024. | OUEST-FRANCEVoir en plein écran

Ouest-FranceFrançois SCHOCKWEILLER.Publié le 01/06/2024 à 10H

L’évènement s’est produit lors d’une conférence d’Erwan Chartier-Le Floch, au centre culturel, le vendredi 31 mai 2024. L’auteur et rédacteur en chef du Poher, tenait une conférence sur son livre Callac de Bretagne ou les obsessions de l’extrême droite. Il y raconte les pressions et menaces de mort contre la presse et les élus bretons.

Un discours xénophobe

La conférence, organisée par la section Quimperlé-Concarneau de la Ligue des droits de l’homme (LDH), a débuté dans un calme olympien.

Mais lors du débat qui a suivi, un homme prend la parole. C’est Jean-Yves Queinnec, à la retraite à Saint-Yvi. Lorsqu’il affirme que les problèmes économiques de la France se résument aux immigrés, un mouvement d’indignation s’exprime dans une salle venue partager ses expériences douloureuses face à l’extrême droite.

L’individu quitte immédiatement la salle, ne laissant aucune opportunité de répondre à sa logorrhée. Dans une surenchère que beaucoup pensaient inimaginable, il effectue un salut nazi en criant « Heil Hitler ».

Selon nos informations, Stéphane Le Labourier et Michèle Daloz, les deux co-présidents de la Ligue des droits de l’Homme Concarneau-Quimperlé, ont déposé plainte pour apologie de cirme ou de délit ce samedi après-midi, à 15 h 30, à la gendarmerie de Rosporden.

Un personnage connu pour ses frasques

Militant d’extrême droite, Jean-Yves Queinnec est bien connu dans la région. Il a été candidat aux législatives pour le parti La France en action. Membre du Front national (aujourd’hui Rassemblement national) dès 1973, il quitte le parti en 2015. 

Deux ans plus tard, il est candidat aux législatives dans la circonscription de Châteaulin-Carhaix, au sein du parti l’Union des patriotes, parti cofondé par Jean-Marie Le Pen (président du Front national de 1972 à 2011).

Le maire de Rosporden ne baissera pas les bras

Rosporden est marquée par l’histoire. La commune accueille en 1927 le congrès qui fit naître le Parti autonomiste Breton.

Elle fut surtout, le Maquis de Rosporden. Une base active de la Résistance lors de la Seconde Guerre mondiale, qui vit la mort de nombreux résistants et l’incendie d’une trentaine de maisons par les forces d’occupation allemande.

Michel Loussouarn, maire de Rosporden, refuse de céder aux pressions : « Notre ville a connu plusieurs épisodes marqués par les néonazis. » Il fait alors référence à La Crémaillère, un concert organisé pendant six années consécutives par des militants d’extrême droite qui n’hésitent pas à taguer le hangar qui les accueille, par des croix gammées. Un évènement interdit par la préfecture, en juin 2023.

Il évoque aussi la cérémonie au flambeau, en novembre de la même année, par une section du Parti national Breton, contre laquelle il s’était déjà exprimé en décrivant un mouvement « qui ne connaît pas l’histoire de Rosporden ».

C’est dans ce cadre, et à la suite de la scène de Jean-Yves Quenneic, qu’il affirme : « Rosporden ça n’est pas que ça. C’est une histoire de Résistants. Autant vous dire que ces militants néonazis, il y a un certain nombre de gens qui les attendent au tournant. »

Un livre qui décrypte

Erwan Chartier-Le Floch est rédacteur en chef du Poher. Un hebdomadaire du centre Bretagne qui se retrouve en 2023, confronté à l’extrême droite. À Callac, le projet d’un centre d’hébergement pour réfugiés voit apparaître des manifestations comprenant plusieurs figures identitaires.

Erwan Chartier-Le Floch est rédacteur en chef du Poher. Il a écrit « Callac de Bretagne ou les obsessions de l’extrême droite ». | OUEST-FRANCEVoir en plein écran

Il interroge alors la majorité en place et la fondation Merci, à l’origine du projet. Après la publication d’articles, des menaces de mort et des insultes sont exprimées par téléphone et par mail, contre lui et les élus. Suivies d’une alerte à la bombe dans les locaux de l’hebdomadaire, le lundi 20 février.

Son livre Callac de Bretagne ou les obsessions de l’extrême droite, analyse la stratégie d’implantation du mouvement et les pressions contre la démocratie locale. Une stratégie qui d’après ses observations, repose sur le gonflement artificiel des manifestations, par « la désinformation et l’importation de militants, notamment de Vendée. Ils sont même allés cherchés des gens en Occitanie. »

Une mobilisation qu’il considère renforcée par les réseaux de désinformation. « La fachosphère parlait de 700 réfugiés devant venir à Callac, alors que la fondation Merci n’en était qu’à évoquer un essai avec une seule famille. »

Après les pressions contre les élus, le projet sera finalement retiré. « En écrivant ce livre, je voulais exposer une méthode dont je savais qu’elle serait reproduite. Et les évènements à Saint-Brévin m’ont donné raison. » Une ville où, le 22 mars 2023, l’incendie de la maison du maire fait suite au projet d’un centre d’accueil pour demandeur d’asile. L’acte criminel a conduit à la démission de l’élu.

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