Enquête. 

Les gardes-côtes grecs accusés de provoquer la mort de migrants en mer Égée

Dans une nouvelle enquête, la BBC documente les refoulements de migrants en mer Égée et accuse les gardes-côtes grecs. Cette pratique illégale et dangereuse aurait causé la mort de dizaines personnes.

Courrier international

Lecture 2 min.  Publié le 18 juin 2024 à 15h31, mis à jour le 18 juin 2024 à 16h19

Au large de Bodrum, le 14 novembre 2022, des gardes-côtes turcs portent secours à des migrants probablement refoulés par les autorités grecques.
Au large de Bodrum, le 14 novembre 2022, des gardes-côtes turcs portent secours à des migrants probablement refoulés par les autorités grecques. TURKISH COAST GUARD/AFP

Les gardes-côtes grecs se trouvent à nouveau dans le viseur. Le 17 juin, la BBC a publié une enquête sur les refoulements de migrants opérés en mer Égée. Le média britannique comptabilise 43 morts entre 2020 et 2023 au cours de quinze “pushbacks”, le nom de cette pratique illégale et contraire au droit international.

“Les récits des témoins, eux-mêmes victimes des opérations meurtrières mais sauvés par miracle, sont choquants”, estime Efsyn. Le journal grec de gauche reprend les informations de l’enquête et quelques témoignages.

“L’histoire d’un réfugié syrien concernant le meurtre de masse d’enfants, dont les siens, par les gardes-côtes grecs est horrible : comment qualifier autrement les événements qu’il décrit ?” commente le quotidien.

En septembre 2022, alors qu’elle traverse le bras de mer qui sépare la Turquie de la Grèce, une embarcation tombe en panne au large de Rhodes, avec 85 personnes à son bord. Les gardes-côtes grecs transfèrent les migrants dans des canots de sauvetage et les renvoient dans les eaux turques. Un homme appelé Mohamed raconte :

“On a pris l’eau immédiatement, ils le voyaient. Ils nous entendaient hurler et nous ont laissés. Le premier enfant à mourir a été le fils de mon cousin. Puis ils sont morts les uns après les autres, un enfant, un autre, puis mon cousin s’est perdu. Au matin, sept ou huit enfants étaient morts. Le mien est mort dans la matinée, juste avant l’arrivée des gardes-côtes turcs.”

Corps échoués

D’autres témoignages font état de pratiques criminelles de la part des gardes-côtes grecs :

“L’un des récits les plus choquants est celui d’un Camerounais qui, selon lui, a été pourchassé par les autorités grecques à son arrivée à Samos en septembre 2021. Il décrit comment des policiers masqués et habillés en civil l’ont pourchassé lui et deux autres personnes et les ont mis dans une embarcation des gardes-côtes, où les événements ont pris une tournure terrifiante”, retient Ta Nea.

“Ils ont commencé par l’autre Camerounais. Ils l’ont jeté à l’eau”, précise le témoin. “L’Ivoirien a dit : ‘Sauve-moi, je ne veux pas mourir.’ Lui-même a été roué de coups et jeté à l’eau. Il a réussi à nager jusqu’au rivage, mais les corps des deux autres ont été retrouvés échoués sur les côtes turques”, détaille le quotidien d’Athènes.

“Un crime international”

Fidèles à leur ligne, les autorités grecques réfutent ces accusations. “Chaque plainte fait l’objet d’une enquête au niveau judiciaire. Ce qui est rapporté n’est pas prouvé”, a commenté le porte-parole du gouvernement, Pavlos Marinakis, cité par Proto Thema.

“Le représentant du gouvernement a souligné la bonne coopération avec les autorités turques au cours de l’année dernière, qui a abouti à la réduction du nombre de passeurs”, assure le média progouvernemental.

Une séquence du documentaire de la BBC est particulièrement partagée sur les réseaux sociaux grecs. On y voit un ancien garde-côte invité à commenter des vidéos de refoulements et à répondre aux questions des journalistes. Face caméra, il nie les refoulements, mais alors qu’ils font une pause dans l’interview, celui-ci s’adresse en grec à une personne hors champ : “C’est clair ce qu’on voit. […] Clairement c’est illégal. C’est un crime international.”

Au moins 3 041 personnes sont mortes en tentant de traverser la Méditerranée en 2023. Parmi elles, les victimes du naufrage près de Pylos, en juin 2023, au large des côtes grecques du Péloponnèse.

Courrier international

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